Pierre Vincent

Art de vivre

Chef cuisinier et propriétaire des restaurants de Sainte-Croix « Chez nous » et « Au village »

D’où vient votre attachement à Sainte-Croix ? Pourquoi vous êtes-vous installé dans ce petit village perdu entre la Dombes et la Côtière ?

- Je ne me suis pas installé ici, je suis né ici ! Notre famille a ouvert le restaurant “Chez nous” à Sainte-Croix en 1895 ! En 2020, notre établissement a fêté 125 ans de présence sans interruption dans le village. Personnellement, j’ai repris la direction en 1990, donc cela fait déjà 30 ans que je bichonne et développe cette affaire

familiale. Mon attachement à Sainte-Croix est donc double : personnel et professionnel…

 

Tombé dans la marmite tout petit, vous n’étiez pas tenté de fuir pour voir autre chose ou choisir un autre métier moins contraignant ?

- J’ai assimilé les contraintes du métier tout petit en regardant travailler mes parents. J’ai compris aussi qu’il ne faut pas considérer la restauration comme un métier classique… C’est plus une vocation, une passion… Si on arrive à donner aux clients le plaisir de la dégustation, si on partage avec eux des moments conviviaux, tout devient simple et réjouissant.

 

Quelle est la place des produits locaux dans cette démarche ?

- C’est la base de tout. Ce sont les valeurs sûres de ma cuisine ! Les éleveurs et maraîchers locaux m’apportent des produits d’une grande qualité. Et en plus, leur fraicheur et leur traçabilité ne posent pas question. Et puis, j’aime acheter localement aussi pour donner un coup de pouce aux gens qui sont passionnés, dynamiques et professionnels. Si en plus, ils sont originaires de Sainte-Croix – tant mieux, c’est mon petit patriotisme local. Je rends au village ce qu’il m’a donné… Je trouve qu’il y a un élan très positif ici, presque une identité à part entière qui nous différencie des autres villages de la Côtière. Je suis un Saint-Cruzien de naissance, mais aussi de cœur !

 

Les attentes des clients changent sans cesse. Comment fait un chef cuisinier pour être toujours au top ?

- Je pense que pour s’adapter au monde en mouvement, il faut une certaine ouverture au monde. La cuisine c’est un échange où l’on reçoit et où l’on donne sans cesse. Personnellement, je me ressource en voyageant. Avant de devenir chef à Sainte-Croix, j’ai passé deux ans en Angleterre, j’ai fait mon service militaire aux Antilles…

Le monde extérieur m’inspire facilement, aussi bien pour les plats que pour la déco. La sortie au restaurant c’est un divertissement dont le plaisir gustatif et visuel reste le socle essentiel. J’essaie donc de faire entrer les clients dans mon monde : par les plats servis et par la décoration des lieux. Pour apporter de la nouveauté et de l’innovation, il faut être ouvert au changement et à l’étonnement. Finalement, c’est un métier qui exige une certaine jeunesse d’esprit.

 

Et il est parti servir un café aux deux clients matinaux à qui, d’ailleurs, il manquait un euro pour payer leur addition… Aucune importance !

On est à Sainte-Croix, on est chez Pierre Vincent. Soyez prévenus, ici “le plaisir est une affaire sérieuse”. C’est même écrit sur le mur …

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